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Les films français à l'affiche dans le Paris des années 1940

Avec la Seconde guerre mondiale, la production cinématographique française est bouleversée et menacée par l'arrivée des nazis à Paris en juin 1940. Après capitulation, les autorités allemandes ont le contrôle absolu du cinéma français et ce jusqu'à la fin de la guerre. Certaines personnalités du cinéma français quittent la capitale et seulement quelques studios de cinéma en zone libre sont en activité. C'est également à cette époque qu'apparaissent de nouveaux talents, dont certains deviendront immédiatement les piliers du nouveau cinéma français, comme par exemple Henri-Georges Clouzot, Jacques Becker, Robert Bresson ou Claude Autant-Lara. Paradoxalement, c'est au moment où la France vit les pages les plus sombres de son histoire que le cinéma français connaît son âge d'or. Les Allemands croient tout de même à cette industrie riche de promesses. Et ils vont prendre un certain nombre de mesures destinées à remettre sur pied la production française. C'est ainsi qu'est fondée une nouvelle compagnie, La Continental, qui produira des films exclusivement français. Les Français ont besoin de se changer les idées et le cinéma est là pour les soustraire un moment de la réalité absurde et violente de la guerre. Le renouveau du cinéma est en marche.

La tendance est aux comédies bourrées de mots d’auteur et aux films policiers : citons « L'assassin habite au 21 » (1942) : le premier film de Henri-Georges Clouzot, l'un des meilleurs films policiers des années 40, adapté du livre de Stanislas André-Steeman. La comédie légère est également la bienvenue surtout quand elle est combinée à l'adaptation d'une œuvre théâtrale : Sacha Guitry maîtrise totalement le genre et nous présente « Aux 2 colombes » (1949), sa pièce de théâtre filmée aux dialogues incessants à souhait. Le public veut du rêve et de la poésie à l'écran. Quelques cinéastes se lancent dans le genre fantastique : Claude Autant-Lara réalise un film poétique dans la lignée des Visiteurs du Soir de Marcel Carné : « Sylvie et le fantôme » (1946). Son œuvre traduit l'insouciance, ce qui tranche avec le climat de tension dans lequel les Français vivent. René Clair participe aussi à cette mouvance avec « La beauté  du diable » (1949), une histoire fantastique fantaisiste et poétique qui se révèle être une métaphore possible de l'Occupation allemande. Les allusions claires à l’Occupation de la France par la Wehrmacht sont récurrentes dans les scénarios des films de cette époque. Elles prennent diverses formes comme on peut le voir dans le film « Du Guesclin » (1948) de Bernard de LaTour, l'unique film de chevalerie français depuis les années 20. Durant toute cette période trouble, les spectateurs affluent, les films les distraient de leurs misères et de leurs angoisses.

Sortir du quotidien en allant au cinéma : cet engouement participe au rayonnement du cinéma français des années 40 en France.

Retrouvez ces films dans notre catalogue de vidéos à la demande.

D'autres œuvres des cinéastes mentionnés sont disponibles en DVD en section Musique et Cinéma :

  • « Le corbeau », « Les diaboliques », « Le mystère Picasso », « Quai des orfèvres », « Le salaire de la peur » et « La vérité » réalisés par Henri Georges Clouzot,

  • « L'auberge rouge », « Le Comte de Monte Cristo » et  « Le franciscain de Bourges » réalisés par Claude Autant-Lara,

  • « Les belles de nuit », « La beauté du diable », « Fantôme à vendre », « Les grandes manœuvres », « Ma femme est une sorcière » et « Sous les toits de Paris » réalisés par René Clair.